Utilisé pour désigner les gangs d’adolescentes japonaises, le mot "Sukeban" refait parler cette année avec le lancement de la ligue professionnelle de catcheuses Sukeban.
D’abord organisés à New-York puis à Miami pendant l’événement Art Basel en octobre 2023, attirant à chacune de leur apparition plus de 2.000 fanatiques et près de 1,3 million de vues sur les plateformes TikTok et Twitch, les combats de la Ligue Sukeban poursuivaient leur tournée à Los Angeles il y a 3 semaines.
Organisé dans l’espace Trinity, dans le quartier de Downtown, l’événement débutait avec un festival "street fair" réunissant marchands, food trucks et merchandising (tee-shirts, accessoires, posters…) à la gloire des catcheuses, avant le grand spectacle réunissant sur le ring des dizaines de super-héroïnes rassemblées en équipes.
Parmi elles, les Cherry Bomb Girls, les Dangerous Liaisons ou les Harajuku Stars, toutes prêtes à en découdre, supra-maquillées et arborant des tenues de scène imaginées par la créatrice française Olympia Le Tan, plus connue pour ses collections de sacs à main et minaudières.
"C'est mon beau-frère qui a eu l'idée de créer la Ligue Sukeban et de l’emmener aux États-Unis", explique Olympia Le Tan. "Il m'a demandé de dessiner les costumes. Un des projets les plus intéressants et les plus amusants de ma carrière, à la fois totalement libre et totalement inattendu, mais qui imposait tout de même de prendre en compte des contraintes techniques pour que les catcheuses puissent se sentir libres dans leur costume et catcher sans limite."
Habillant chacune des catcheuses en fonction de leur personnage incarné – méchantes, gentilles ou déglinguées – la créatrice a d’abord échangé avec chacune d’entre elles, étudié leurs goûts, leurs habitudes et leur personnalité. "Le film The Warriors, que j’ai vu des dizaines de fois, m’a largement inspiré. J’ai imaginé ces catcheuses en super-héroïnes appartenant à des gangs japonais. J’ai beaucoup regardé les défilés théâtraux de John Galliano, ceux de Vivienne Westwood, les dessins-animés aussi, et tout mélangé dans mon blender magique."
Aux côtés d’Olympia Le Tan, d’autres artistes sont également intervenus à l’instar du designer Marc Newson, à l’origine de la ceinture de championne, du créateur star de chapeaux Stephen Jones et aussi des designers tels Softskin Latex et Lancé au début des années 50 au Japon, d’abord sous la forme de spectacles sexys et burlesques, le catch féminin émerge avec la figure de la catcheuse américaine Mildred Burke qui s’invita à Tokyo devant les forces armées américaines. Un phénomène culturel au Japon qui resta populaire jusqu’à la fin des années 90. "Un phénomène énorme, avec des stars iconiques comme Bull Nakano et l’équipe des Crush Gals, conclut Olympia Le Tan. Cette tendance fait aujourd’hui son retour avec des milliers de fans dans le monde entier."
La tournée de la ligue Sukeban devrait annoncer d’autres dates aux Etats-Unis cette année, avant un retour à Tokyo. Dawnamatrix qui ont produit toutes les pièces en latex.