La contrefaçon ne se limite pas qu’aux maillots de football et à la maroquinerie de luxe. Le secteur automobile est également touché. Mercedes-Benz annonce que plus d’1,6 million de pièces contrefaites ont été saisies en 2023 ; quand 142 000 annonces ont été supprimées d’Internet.
En fin d’année 2021, la Fédération française des experts en automobile (FFEA) alertait sur la progression du nombre de pièces détachées de contrefaçon. Le phénomène n’était pas nouveau mais accentué par la pénurie qui touchait alors les équipementiers. Cette situation résultait de la crise sanitaire et des retards de livraison comme de production qu’elle avait engendrés. Près de trois ans plus tard, les pièces contrefaites sont toujours là. L’inflation pourrait expliquer que certains automobilistes soient tentés, volontairement ou non, de s’en procurer. Il peut effectivement être alléchant d’acheter un filtre à air marqué d’un logo rassurant mais vendu deux à trois fois moins cher. « Le consommateur n’est jamais complice en matière de pièce automobile. S’il achète une pièce contrefaite, ce n’est jamais volontairement, pour une question de sécurité », tempérait le syndicat de la Fiev.
Aucun de saisies en 2023 qu’en 2022
De fait, distinguer une pièce automobile originale d’une contrefaçon n’est pas toujours évident. « Un œil averti et de nombreuses années d'expérience sont nécessaires, car une contrefaçon ne diffère souvent pas visuellement d'une pièce d'origine », confirme Mercedes-Benz début août 2024. Le constructeur allemand vient d’annoncer que pas moins d’1,6 million de pièces contrefaites marquées du logo à l’étoile ont été saisies en 2023. Un nombre similaire à celui de l’année précédente, malgré l’augmentation des perquisitions et saisies menées par les autorités à travers le monde. Nous en dénombrons au moins 740, soit 20 % de plus qu’en 2022. Il s’agit d’éléments de freinage, de pneumatiques, de jantes, de pièces de robe, de direction ou même de filtres à air. Tout ce qui est saisi est détruit. Il en va de la sécurité des usagers de la route, puisqu’installer des contrefaçons peut se révéler dangereux.
Jantes AMG Mercedes de contrefaçon à droite
Les perquisitions ne sont pas rares. En juin dernier, près de 50 tonnes de pièces détachées automobiles usagées ont été saisies au port fluvial de Lille (Nord). Il ne s’agissait alors que d’un contrôle aléatoire mais les raids peuvent parfois intervenir après plusieurs mois d’enquête. Une équipe dédiée de Mercedes-Benz parcourt ainsi inlassablement Internet à la recherche des annonces de pièces contrefaites. Cela se fait en étroite collaboration avec les autorités compétentes, qui mèneront les vérifications nécessaires sur place ou procéderont à la suppression des annonces. 142 000 offres ont ainsi été effacées des plateformes en ligne, et des réseaux sociaux, en 2023. « Nous avons même pu localiser directement de nombreuses usines de contrefaçon », se félicite dans un communiqué Renata Jungo Brüngger, membre du directoire de Mercedes-Benz Group AG.
Toujours se méfier des prix trop aguicheurs
« L’industrie de la contrefaçon génère des marges énormes et possède les structures du crime organisé. Elle met en danger la sécurité routière, ne tient pas compte de l’environnement et ne défend ni les salaires équitables ni la sécurité au travail. Il n’y a pas de contrôle de qualité », dénonce l’homme en charge de l’intégrité pour le constructeur allemand. Avec en moyenne plus de deux perquisitions menées chaque jour, l’équipe qu’il dirige est régulièrement contactée par les autorités pour vérifier l’authenticité de pièces saisies. Mercedes-Benz rappelle que quelques vérifications simples peuvent éviter de tomber dans le piège. La première, aussi simple soit-elle, consiste à se méfier des prix trop inférieurs. S’informer sur le site revendeur ou demander des photos additionnelles peuvent également permettre de ne pas acheter une pièce pouvant se révéler dangereuse.