- Selon une nouvelle étude de l’EUIPO, la tendance au recul du piratage observée ces dernières années s’est inversée
- Le contenu télévisuel est le type de contenu le plus piraté dans l’Union européenne: il représente près de la moitié de l’ensemble du piratage
- Le piratage de manifestations en direct, comme la diffusion en continu de matchs sportifs, est également en augmentation
- En France, la consommation de manifestations sportives retransmises en direct représente un tiers de l’ensemble du piratage
- La tendance à long terme est positive: en général les niveaux de piratage en France ont chuté de 50% entre 2017 et 2022.
- Le piratage de dessins animés et de mangas a également augmenté en 2022
Un rapport publié aujourd’hui par l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) révèle que le piratage numérique a augmenté de 3,3 % en 2022. Les émissions télévisées, les séries, les films et les publications de mangas piratés sont largement à l’origine de cette hausse.
C’est l’une des principales conclusions de l’étude intitulée «Online Copyright Infringement in the European Union, Films, Music, Publications, Software and TV, 2017-2022» (atteintes en ligne au droit d’auteur dans l’Union européenne, films, musique, publications, logiciels et télévision, 2017-2022).
Ce rapport montre que le piratage, mesuré par le nombre d’accès mensuels à des contenus illicites par internaute, avait lentement diminué au fil des ans jusqu’en 2021, année au cours de laquelle la tendance s’est inversée.
Contenus piratés: ce que les Européens consomment
Ce changement de tendance est principalement dû à la croissance du piratage de contenus télévisuels, qui représente près de la moitié (48 %) de tous les accès à des sites contrevenants dans l’Union en 2022. Parmi les autres types de contenus piratés figurent les publications (28 %), les films (11 %), les logiciels (7 %) et la musique (6 %).
Les contenus télévisuels piratés ont crû de 15 % en 2022. Les genres les plus piratés sont les émissions et séries télévisées et les films à la demande, suivis des productions animées (séries et films) et des diffusions en direct de manifestations sportives ainsi que des chaînes de sport.
L’accès illégal aux publications, qui est la deuxième source de piratage après la télévision, s’est également intensifié depuis janvier 2021, les mangas constituant le genre principal de cette catégorie, suivies d’assez loin par les livres audio et les livres électroniques.
Malgré une baisse considérable au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19, le piratage de films a connu un léger rebond en 2021 et en 2022. Selon une étude antérieure menée par l’EUIPO au niveau des titres, la majorité des films piratés sont des superproductions hollywoodiennes.
Le piratage de logiciels, tels que les jeux et les logiciels pour appareils mobiles, augmente aussi lentement, bien qu’à un rythme moins soutenu. Bien que toutes les catégories aient connu une augmentation l’année dernière, le piratage de musique a diminué et reste faible.
En moyenne, chaque internaute de l’Union européenne a accédé à des sites web proposant des contenus portant atteinte au droit d’auteur environ dix fois par mois à la fin de 2022. Il existe des variations significatives entre les États membres. Les pays affichant les taux de piratage les plus élevés sont l’Estonie et la Lettonie, avec près de 25 accès par utilisateur et par mois, tandis que les taux les plus bas sont observés en Allemagne, en Italie et en Pologne, avec environ 7,5 accès.
Christian Archambeau, directeur exécutif de l’EUIPO, commente:
Les atteintes au droit d’auteur à l’ère numérique demeurent une préoccupation très grave et une menace directe pour les industries créatives en Europe. La nouvelle étude montre qu’il reste encore fort à faire pour lutter contre le piratage. Il est compliqué de mettre un terme à ce phénomène, étant donné que le piratage évolue constamment, en même temps que la technologie. C’est pourquoi il est essentiel de comprendre les mécanismes sous-jacents du piratage afin d’adopter des politiques et des mesures efficaces qui contribuent à l’enrayer.
L’essor des manifestations sportives en direct et de la diffusion en continu
Selon l’étude, la diffusion en continu (streaming) est devenue la méthode la plus utilisée pour accéder à des contenus télévisés illicites. 58 % du piratage au sein de l’Union européenne a lieu par diffusion en continu contre 32 % par téléchargement.
L’étude analyse également, pour la première fois, l’accès illégal à des manifestations sportives en direct. Ce type de piratage affiche une tendance à la hausse en 2021 et 2022, avec une augmentation de 30 % en une année seulement. Dans certains pays tels que la France et l’Espagne, ce type de contenu représente plus d’un tiers (34 %) du total des accès illégaux.
En outre, le piratage de manifestations en direct connaît des pics en avril et en septembre-octobre et affiche des valeurs minimales en juin-juillet de chaque année, reflétant peut-être les périodes actives et les pauses estivales des principales ligues de football européennes.
Dans ce contexte, la Commission européenne a adopté en mai 2023 une recommandation sur la manière de lutter contre le piratage en ligne des manifestations sportives et autres événements en direct, qui vise à mettre un terme aux retransmissions non autorisées de ces événements. L’EUIPO collabore avec la Commission européenne et les parties intéressées pour suivre l’incidence de cette recommandation.
Parmi les facteurs susceptibles d’influencer la consommation de contenus piratés au sein de l’Union, le rapport souligne que des facteurs économiques et sociaux tels que le PIB par habitant, l’inégalité des revenus ou la proportion de jeunes dans la population peuvent avoir une incidence sur le piratage. Le volume croissant de l’offre légale contribue également à réduire le piratage de la musique, des films et des contenus télévisuels.