La Dentelle de Calais-Caudry devient une Indication Géographique encadrée

La décision était attendue, c’est désormais chose faite: l'appellation “Dentelle de Calais-Caudry” est une Indication Géographique (IG) encadrée par l’Institut National de la propriété industrielle (INPI). Huit fabricants vont pouvoir s’en revendiquer.

Cette avancée est le fruit d’une enquête publique menée jusqu’à fin août dernier par l’INPI. Les IG désignent des produits issus d’une zone géographique, mais répondant à des critères de qualité, notoriété et caractéristiques locales, définis dans un cahier des charges. L’objectif est de protéger la désignation elle-même contre les contrefaçons et copies.

“L’indication géographique 'dentelle de Calais-Caudry' couvre toutes les formes de dentelles (bandes, galons, volants, etc.)”, indique l’INPI. “Toutes les opérations de fabrication de la dentelle et de préparation des fils doivent être réalisées dans les départements du Pas-de-Calais et du Nord.”

Côté Calais, cette nouvelle IG va profiter aux entreprises Noyon Calais et Darquer. Côté Caudry, elle pourra être revendiquée par les sociétés Beauvillain Davoine, Jean Bracq, Darquer&Méry, Dentelles André Laude, Solstiss et Sophie Hallette. Des structures qui cumulent environ 400 emplois et 19 millions d’euros de chiffres d’affaires. 
Un label “Dentelle de Calais-Caudry avait vu le jour en 2015 (lire notre article dédié), pour succéder au label “Dentelle de Calais” remontant pour sa part à 1958. Une décision prise par la Fédération française des dentelles et broderies car Caudry concentrait alors les trois quarts de la production de la filière. Devenir en 2024 une IG est cette fois l’occasion de lever certains freins rencontrés dans les démarches contre les concurrences déloyales et parasitaires.

“Les règles de protection en lien avec les marques ne sont pas satisfaisantes pour protéger correctement les acteurs de la dentelle de Calais-Caudry puisque la spécificité et le savoir-faire lié à leurs produits ne sont pas couverts, ni la dimension patrimoniale”, indiquait au printemps dernier l’association IG Dentelle de Calais-Caudry. “Il convient donc de mettre en place un outil adapté à ce type de produit, permettant une protection et une défense de la vraie dentelle de Calais-Caudry ainsi que des dentelliers.”

L’IG doit donc permettre de défendre un savoir-faire local. Mais aussi de protéger le trésor industriel que représentent les machines “leavers”. Ces monstres de métal parfois centenaires, et produisant la dentelle éponyme, sont au nombre de 700 dans les huit entreprises concernées par l’IG. Un ensemble ne représentant pas moins 70% du parc mondial, ce qui explique que de 60 à 80% des dentelles qui en sortent partent à l’exportation.

“Dans un secteur où la contrefaçon représente un réel manque à gagner, je suis convaincu que cette indication géographique protègera le savoir-faire historique et de grande qualité de ces artisans”, indique le directeur général de l’INPI, Pascal Faure.

Si la Dentelle de Calais-Caudry est le 17e Indication Géographique validé par l’INPI, c’est aussi la toute première IG pour la région Hauts-de-France. Des IG ont été précédemment accordées à la Porcelaine de Limoges, aux Charentaises de Charente-Périgord, au Linge Basque, au Grenat de Perpignan, l’Absolue Pays de Grasse (parfumerie) ou encore les Couteaux Laguiole.

Si elles portent le même objectif, les indications géographiques (IG), destinées aux produits manufacturés et ressources naturelles, ne doivent pas être confondues avec les indications géographiques protégées (IGP). Celles-ci sont dévolues aux produits agricoles et alimentaires, et sont homologuées par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). Si les IGP sont un dispositif européen, les IG sont elles un dispositif pour l’heure uniquement français.

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Source d'information
Women`s Wear Daily, INPI
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